Coton bio : Avantages, limites et impact environnemental complet

Coton bio : Avantages, limites et impact environnemental complet

Le coton biologique est devenu un incontournable dans les discours des marques éthiques. Mais au-delà des slogans marketing, que vaut-il vraiment ? Moins polluant, plus sain, plus équitable… ou simplement une tendance de plus à décrypter ? Bien qu'on puisse lui accorder des bienfaits certains, nous, chez Lucid, on a longtemps eu tendance à éviter d'en utiliser. On t'explique pourquoi dans cet article, donc si tu veux savoir ce qui se cache derrière cette matière de plus en plus populaire sans tomber dans le greenwashing, tu es au bon endroit.

Si t’as la flemme de lire

🌱 Le coton bio est cultivé sans OGM ni pesticides chimiques, avec des engrais naturels.
💧 Il utilise généralement moins d’eau que le coton conventionnel, mais ce n’est pas toujours vrai selon les régions.
🏭 Il réduit l’exposition des travailleurs et des consommateurs aux substances toxiques.
🔍 Les labels GOTS ou OCS sont les meilleurs repères pour le reconnaître.
⚖️ Face au coton recyclé, le coton bio a des avantages écologiques mais consomme plus de ressources.

Qu’est-ce que le coton bio et en quoi diffère-t-il du coton conventionnel ?

Le coton biologique, c’est du coton cultivé selon les principes de l’agriculture biologique. Il est produit sans OGM, sans pesticides chimiques ni engrais de synthèse. Au lieu de cela, les agriculteurs utilisent des engrais naturels comme le compost, et misent sur la rotation des cultures et la biodiversité pour préserver la fertilité des sols. Contrairement au coton conventionnel, la culture biologique du coton évite au maximum les substances toxiques et limite la pollution des sols et de l’eau.

Le coton conventionnel, lui, est l’une des cultures les plus polluantes de la planète. Bien qu’il ne représente qu’environ 2,5 % des terres agricoles mondiales, il concentre 16 à 25 % de l’ensemble des insecticides utilisés dans le monde et environ 10 % des pesticides. Ces produits chimiques contaminent les nappes phréatiques, détruisent la biodiversité locale et appauvrissent les sols. Leur usage intensif entraîne aussi des effets graves sur la santé des producteurs et de leurs familles : maladies respiratoires, cancers, troubles cutanés ou encore troubles neurologiques sont couramment signalés dans les zones de culture intensive.

Côté consommation d’eau, le coton conventionnel est extrêmement gourmand. Il est souvent cultivé dans des régions arides (comme le Gujarat en Inde, l’Ouzbékistan ou la Californie), nécessitant une irrigation massive. Selon le Water Footprint Network, il faut en moyenne environ 10 000 litres d’eau pour produire 1 kg de coton conventionnel, soit 2 500 litres d’eau pour un simple t-shirt. Cette surconsommation a des conséquences écologiques majeures. L’exemple le plus marquant est l’assèchement dramatique de la mer d’Aral en Asie centrale, en grande partie causé par l’irrigation massive des champs de coton.

Enfin, le coton conventionnel est souvent produit dans des conditions de travail très difficiles. De nombreux travailleurs agricoles sont exposés sans protection aux produits toxiques. Dans certaines régions du monde, comme en Ouzbékistan ou au Turkménistan, des cas de travail forcé et de travail des enfants ont été largement documentés. Les salaires sont souvent très bas, les protections sociales quasi inexistantes, et les conditions de travail indignes, pour maintenir des prix bas dans la chaîne textile globale.

coton culture

Quels sont les principaux avantages environnementaux de la culture du coton bio ?

La culture biologique du coton réduit considérablement les impacts environnementaux. D’abord, elle limite l’utilisation de produits chimiques toxiques qui polluent les sols, les nappes phréatiques et l’air. Ensuite, elle favorise la biodiversité, en préservant les insectes pollinisateurs et la vie microbienne du sol. En prime, en excluant les OGM, elle permet aux agriculteurs de garder leur autonomie semencière. L’agriculture biologique du coton repose aussi sur des pratiques agroécologiques : compostage, rotation des cultures, engrais verts… Des pratiques qui restaurent les sols au lieu de les épuiser. Sur le long terme, ça rend la culture plus résiliente face au changement climatique.

Quels sont les inconvénients du coton bio ?

Tout n’est pas rose non plus. Le coton bio a un rendement par hectare plus faible que le coton conventionnel (environ 20 à 30 % de moins selon les études), ce qui signifie qu’il faut plus de terres pour produire la même quantité. Cela peut poser problème à grande échelle. De plus, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne pousse pas forcément dans des régions où il pleut beaucoup : de nombreuses cultures biologiques dépendent aussi de l’irrigation, notamment en Inde ou en Turquie. Et comme il y a moins d’intrants chimiques pour stimuler la pousse et le rendement, il faut souvent plus d’eau et plus de main-d’œuvre pour désherber, surveiller les maladies, etc., ce qui peut rendre la production plus coûteuse.

Quelle est la consommation d’eau du coton bio ?

C’est l’un des débats les plus animés sur le coton bio. On lit souvent qu’il consomme moins d’eau que le coton conventionnel, et c’est vrai dans certaines conditions. Les sols biologiques contiennent plus de matière organique, ce qui leur permet de mieux retenir l’humidité. De plus, l’absence de produits chimiques toxiques réduit le besoin en eau pour le lavage et l’irrigation. Mais attention : toutes les études ne s’accordent pas sur une réduction drastique. La consommation d’eau du coton bio, ayant un moins bon rendement, peut être égale, voire supérieure, dans les zones où les pluies sont faibles et où l’irrigation est nécessaire. Le contexte local joue donc un rôle majeur.

Comparatif : consommation d’eau selon les types de coton (par t-shirt)

Type de coton Consommation moyenne d’eau Précisions
Coton conventionnel Environ 2 500 L  Principalement due à l’irrigation dans les zones arides
Coton biologique De 1 000 à 2 500 L  Dépend fortement des pratiques agricoles et du climat local
Coton recyclé Environ 30 à 100 L  Issu de textiles usagés ou chutes industrielles, très faible impact

Comment reconnaître un produit en coton bio ?

Pas toujours évident à l’œil nu, surtout dans un magasin ou sur un site web. Ce sont les labels qui garantissent l’origine biologique du coton utilisé. On peut aussi vérifier la traçabilité sur les fiches produits ou demander des informations à la marque. Certains indices peuvent alerter, comme un prix trop bas pour être vrai. En cas de doute, mieux vaut se fier aux certifications reconnues internationalement (voir ci-dessous).

Quels sont les labels de certification fiables pour le coton bio ?

Le plus reconnu est le label GOTS (Global Organic Textile Standard). Il certifie non seulement que le coton est biologique (au moins 95 % de fibres bio pour porter la mention "biologique"), mais aussi que tout le processus de fabrication respecte des critères environnementaux et sociaux : teintures sans métaux lourds, salaires décents, interdiction du travail des enfants, etc.

GOTS certification coton bio

Autres labels sérieux :

  • OCS (Organic Content Standard) : Certifie le pourcentage de fibres bio dans un produit (à partir de 5 %), mais ne contrôle pas les étapes de transformation.
  • Fairtrade – Max Havelaar : Ne garantit pas toujours le bio, mais assure des conditions équitables de production.

Si tu veux en savoir : voici un article sur sur les certifications de la mode durable.

Quels impacts sur la santé des travailleurs et des consommateurs le coton biologique vise-t-il à réduire ?

Le coton conventionnel est l’une des cultures les plus traitées au monde. Environ 16 % de tous les insecticides utilisés dans l’agriculture mondiale sont dédiés au coton, pour seulement 2,5 % des surfaces agricoles. Résultat : de nombreux travailleurs agricoles sont exposés à des substances toxiques, parfois sans protection. On parle ici de troubles respiratoires, de cancers, de troubles neurologiques… Le coton biologique supprime cette exposition en bannissant les pesticides chimiques.

Côté consommateur, les textiles bio sont souvent traités avec des teintures non toxiques, sans métaux lourds ni substances cancérigènes, ce qui est particulièrement important pour les vêtements portés à même la peau (sous-vêtements, vêtements enfants, etc.).

organic cotton labour

Qu’est-ce qui est le mieux entre le coton biologique et le coton recyclé ?

Le coton recyclé, dont tu peux retrouver l'article complet, est une autre alternative au coton conventionnel. D’un point de vue écologique pur, le coton recyclé a généralement un meilleur bilan que le coton biologique : il consomme beaucoup moins d’eau, ne nécessite pas de nouvelles cultures, et réduit la pression sur les terres agricoles.

Mais il a aussi ses limites. Le coton recyclé est moins résistant à l’usage, surtout s’il est issu de textiles post-consommation. Il faut donc, dans les utilisations de vêtements, le mélanger à d’autres fibres (coton bio, polyester recyclé…), ce qui peut le rendre plus difficile à recycler à nouveau en fin de vie.

Le coton bio, lui, a l’avantage d’être 100 % naturel et compostable, avec un bon confort et une traçabilité plus simple. Mais il ne résout pas spécialement, voire empire, un des problèmes majeurs du coton : sa consommation d'eau.

Chez Lucid, on privilégie généralement le polyester recyclé plutôt que le coton biologique pour venir compléter le coton recyclé dans notre mélange pour nos vêtements recyclés. Cela nous permet de revaloriser encore plus de déchets plutôt que de produire de la matière première, et donc d’avoir une matière ayant un bilan écologique à la production extrêmement faible et nécessitant 99 % d’eau en moins que le coton biologique.

Conclusion : une matière à privilégier mais dans une logique responsable

Le coton bio n’est pas parfait, mais c’est clairement un pas en avant par rapport au coton conventionnel dans une filière textile qui a longtemps fermé les yeux sur ses impacts environnementaux et sociaux. Il faut cependant s'assurer de la manière donc il est produit car il ne résout pas toujours les problèmes majeures liés à la culture du coton. En tant que consommateur, s’informer sur les labels, soutenir les marques responsables, et favoriser une consommation raisonnée (moins mais mieux), reste le meilleur moyen de faire bouger les lignes.

 

Sources

  • Khmara, Y., Hafeez, M., & Sahajwalla, V. (2022). The environmental price of fast fashion. Nature Reviews Earth & Environment, 3(9), 557–567. https://doi.org/10.1038/s43017-022-00333-3
  • Textile Exchange. (2023). Organic Cotton Market Report 2023
  • PAN UK. (2020). Pesticide use in cotton farming: a global overview
  • WWF. (2013). The Impact of a Cotton T-Shirt
  • WRAP UK. (2021). Textiles 2030: Technical Roadmap.
Savinien Domken

Savinien Domken

Co-fondateur de Lucid Collective

Après un mémoire sur la mode durable, Savinien s’est tourné vers des alternatives concrètes à la fast-fashion. Impliqué dans la mode responsable depuis plus de 5 ans, il accorde une attention particulière aux matières à faible impact environnemental. À travers ses articles, il partage son expérience et ses convictions pour une consommation plus éthique de la mode.

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